Ecoute plus souvent
les choses que les êtres.
La voix du feu s’entend,
entends la voix de l’eau,
écoute dans le vent
le buisson en sanglots.
C’est le souffle des ancêtres…
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis,
ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
et dans l’ombre qui s’épaissit,
les morts ne sont pas sous la terre :
ils sont dans l’arbre qui frémit,
ils sont dans le bois qui gémit.
ils sont dans l’eau qui coule,
ils sont dans l’eau qui dort,
ils sont dans la cave, ils sont dans la foule :
les morts ne sont pas morts.
Ecoute plus souvent
les choses que les êtres.
La voix du feu s’entend,
entends la voix de l’eau,
écoute dans le vent
le buisson en sanglots.
C’est le souffle des ancêtres,
le souffle des ancêtres morts,
qui ne sont pas partis,
qui ne sont pas sous terre
qui ne sont pas morts.
…
Excerpted from Anthologie de la Nouvelle Poésie Nègre et Malgache. L. Sédar Senghor [ed]. Presses Universitaires de France; Paris, 1972.
|